Il existe non pas un déterminisme militant, mais plutôt des situations sociales et politiques favorables à l’expression du militantisme.
D’abord, une configuration politique particulière peut favoriser le développement du militantisme perçu comme une activité valorisante. Ainsi, l’après mai-1968 offre un terrain favorable à la diffusion du militantisme. « Les événements de 1968 et le maintien au pouvoir du personnel politique gaulliste puis giscardien vont contribuer à orienter durablement « la jeunesse ‘à gauche‘ » note Philippe Juhem, avant d’ajouter que « la période suivant immédiatement les événements de Mai 68 est donc caractérisée par la forte valorisation des attitudes critiques ou militantes ». La multiplication des manifestations lycéennes et étudiantes entre 1968 et 1979 démontre ainsi la fertilité du terreau militant dans la décennie 1970. Par ailleurs, l’investissement militant est favorisé par un contexte familial qui valorise l’engagement militant. L’américain Mc Adam (Freedom Summer) montre ainsi que la possibilité de l’engagement militant cro?t lorsqu’un individu est déjà en contact avec des militants et que ses projets reçoivent le soutien de son entourage.
Johanna Siméant perçoit des prédispositions plus originales chez les médecins humanitaires. Elle montre notamment que les militants humanitaires de la première génération ont été confrontés, d’une manière ou d’une autre, à la violence : l’un a été résistant puis engagé en Algérie, l’autre au Vietnam, tandis que Bernard Kouchner et Rony Brauman ont assuré le service d’ordre d’organisations politiques. Par ailleurs, l’auteur observe chez eux un dilettantisme commun qui s’exprime à l’égard de la médecine et du politique. Cependant, il ne sous semble pas que l’on puisse généraliser ces caractères propres à l’engagement humanitaire à l’ensemble du phénomène militant. En savoir plus: Pourquoi devient-on militant ?