La question peut surprendre, mais l’évolution des demandes des curistes ces dernières années mène à se la reposer. Historiquement, la thalasso vise, depuis son invention il y a 113 ans, l’amélioration de la santé physique des curistes par diverses techniques : bains de mer chauds, jets d’eau de mer chaude sous pression, massages et modelages (la différence d’appellation vient du fait que les massages sont pratiqués par un kinésithérapeute), enveloppements d’algues ou de boues marines etc. La thalasso en Bretagne a été précurseur, et elle l’est toujours comme à thalasso St Malo et son magnifique centre associé à un hôtel de luxe ou thalasso Bénodet pour prendre une référence plus familiale mais de qualité. L’efficacité de la thalassothérapie a été découverte un peu par hasard, à une époque ou les statistiques n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui, mais elle a été confirmée par la suite.
La mutation des années 80
Cependant, une mutation s’est faite dans les années 80 et 90. Sans renier les apports pour la santé du corps, la demande des curistes s’est progressivement déplacée vers une lutte contre le stress et l’anxiété, qui étaient en train de se développer de façon importante dans un monde en pleine mutation à cette époque. Cela a d’abord fait l’objet de cures spécifiques, les cures anti stress, puis les programmes de ces cures ont été intégrés à l’ensemble des séjours, qu’il s’agisse de séjours semaine ou de week end thalasso à St Malo, Bénodet ou même en Tunisie, autre pays très fortement équipé pour la thalassothérapie.
Pourquoi une telle modification d’orientation ? Il faut en rechercher la cause dans la modification de la société elle-même. Notre société est devenue de plus en plus anxiogène au fil des années : forte pression de réussite sociale, contraintes multiples dans des entreprises ou l’augmentation de la productivité devient une nécessité vitale, tensions au sein du couple même, qui était jusqu’alors le dernier bastion ou chacun essayait bon an mal an de désamorcer les conflits. Mais la pression externe couplée à l’exigence et l’intolérance de chacun, peut-être une moindre acceptation des frustrations qui étaient autrefois acceptées comme incontournables.
Les nouvelles attentes
Confronté à toutes ces tensions, l’individu aspire à des moments ou cessent ces stimuli stressants, des moments pour se retrouver et se ressourcer, des moments ou l’on prend soin de lui. C’est cette demande qui a transformé la thalasso de pourvoyeur de séjours de santé à ceux de santé psychologique. Une nouvelle expression s’est alors généralisée : le bien-être, expression de la réconciliation des besoins du corps et de l’esprit, des petits maux physiques aux questionnements existentiels. La thalasso est un peu devenue aux années 2000 ce qu’un célèbre groupe de vacances proposait à la fin des années 90, promettant la bonheur à la portée de tous, et surtout de la volonté de chacun.
La thalasso doit alors délivrer un produit encore plus immatériel : de santé physique, qui est relativement mesurable, elle doit pourvoir en bien-être, en bonheur, en équilibre. On touche alors à l’intime, au plus profond de l’être humain, la thalasso devient au auxiliaire de santé au service de l’équilibre quotidien, mais aussi de la performance au travail, et de sa réitération chaque jour. C’est aussi l’un des moteurs de la multiplication des week end thalasso en Bretagne (qui est relativement proche de Paris) ou ailleurs : les congés sont fractionnés afin d’intervenir en soutien tout au long de l’année.