Notre société a fait de la contradiction entre les valeurs qu’elle affiche et les attitudes qu’elle préconise un vecteur de normalité décomplexée. La thalasso peut servir d’exemple de cette schizophrénie consumériste.
Tout le monde s’accorde à dire que les séjours de bien-être coûtent cher, même pour un weekend thalasso ou de balnéothérapie et paradoxe, de plus en plus de monde part en thalasso. Il faut dire que la discipline est devenue classante socialement, ce qui fait sans doute l’une des causes de son succès.
Mais au-delà de cela, la thalasso est l’expression d’un égoïsme assumé. Partir dans un hôtel thalasso , c’est penser à soi, et remettre l’autre au lendemain. Se faire masser, c’est prendre du plaisir du travail de l’autre, et de son attention à nous. Comme si cette peine que l’autre se donnait permettait d’effacer notre stress et nos tensions.
Tout comme la médecin chinoise, la thalassothérapie valorise le préventif au détriment du curatif. Mais comment évaluer l’efficacité d’une technique dont la vocation est de lutter contre une chose qui n’existe pas encore ?
Et pourtant, tout comme l’homéopathie, la thalasso a des défenseurs qui lui trouvent tous les avantages, pour en avoir fait l’expérience. C’est dans cette expérience ressentie que réside un quelque chose immatériel que l’on pourrait appeler confiance, et qu’il est difficile de prouver, même statistiquement.
Notre société est en crise de valeurs, donc en crise de confiance. Cette crise exacerbe le besoin de sécurité et de bien-être, nous attendons plus de protection vis-à-vis d’un environnement compétitif et agressif.La Thalasso et la balnéo apportent une réponse pour adoucir notre contact avec le monde et nous redonner confiance en l’avenir, donc avant tout confiance en nous.